vendredi 7 juillet 2017

Le grand saut vers l'Arctic

 
Curieux : à vos cartes !

Pointez votre doigt au nord de la Norvège, faîtes le glisser vers le Nord, à travers la Mer de Barents, réputée pour sa rudesse, ses tempêtes hivernales, ses eaux poissonneuses.

Toujours plus Nord, s'enfonçant dans l'Arctic : l'Archipel du Svalbard et le Spitzberg.



Sans prétention, c'est avec une belle fenêtre météo (et en été !!), que nous avons attaqué la traversée de Barents. 4 jours de navigation au programme avec, il faut dire, un peu (beaucoup ?) le trac.

Certes, le bateau est rodé, l'équipage aussi mais tout de même, c'est un peu le plongeon vers l'inconnu.

Nous n'avons donc pas fait les fiers au départ de Tromso et la première journée de navigation s'est caractérisée par le silence à bord : celui du moteur d'abord, (car, enfin, nous avions du vent !!). Ensuite peu de paroles échangées : besoin de se ré-amariner pour les uns , besoin de concentration pour les autres, les enfants ont passé beaucoup de temps à dormir. Quant aux adultes, nous nous sommes croisés et nous avons pris le pli de la « banette chaude », à savoir celui qui finit son quart se glisse sous la couette, profitant de la chaleur du lit laissée par l'autre... . Nous avons pu retrouver le plaisir d'être seuls en mer avec, aucune côte en vue et aucun autre bateau signalé sur l'AIS (radar), permettant pendant son quart, de se plonger dans un livre ou une petite sieste pendant une demi-heure sans crainte.


Le deuxième jour en mer, le soleil est apparu, le vent a molli légèrement et chacun a retrouvé son rythme, Jules s'est replongé dans ses livres, Clarisse a sorti ses Playmobil, Christophe était plus que jamais le nez dans les guides nautiques et moi j'ai régalé ce petit monde en sortant du four gâteaux et pizza maison. Le cristal de protection de descente a lui aussi joué son rôle capital : au moindre rayon de soleil, il se transforme en véranda et chauffe tout le bateau, nous offrant une température confortable de 20 ° à l'intérieur alors que la température extérieure frise les 5 °.

Sur notre route, se trouve la petite Ile de Bjornoya, communément appelée l'Île aux Ours (psst : cf. la carte... ! ). 



La météo nous le permettant, nous nous sommes donc offert le luxe d'une petite pause et d'une nuit au mouillage. Un avant goût des paysages grandioses qui nous attendent et l'impression de commencer à toucher une autre dimension. Il faut dire que cette ile, perdue au milieu de nulle part, est inhabitée, seules une cabane de garde-côte et une base scientifique occupent l’île, balayée par les grands vents du Nord. 



Des falaises immenses, un paysage désertique et minéral, et des colonies de milliers d'oiseaux en ont fait un site classé et protégé. 
 




 


 





Le trac du départ s'est alors transformé en excitation.

 
Nous avons repris la mer, gonflés à bloc: seul 24 heures de navigation nous séparaient du Spiztberg! Nous touchions du doigt ce rêve, de conduire les enfants au Pôle Nord, ce rêve qui nous a coûté tant d'efforts et de sacrifices sur ces deux dernières années.


 













 Et Dame Nature nous a offert un beau cadeau pour notre arrivée, renforçant encore l'émotion du moment et m'arrachant une petit larme de bonheur à la vue du spectacle dans l'étrave du bateau : 



 

Vous allez croire qu'on en rajoute … eh bien non. 


 

Pour notre arrivée, nous avons eu, les montagnes se dessinant dans la brumes, puis le grand soleil éclatant faisant briller les immenses glaciers et le balai d'accueil des baleines et même d'un troupeau d'orques venus nager dans l'étrave de Mowgli.


 

La photo satellite du Bellsund le jour de notre atterrissage


Vous pouvez imaginer quel a été notre sentiment en mettant l'ancre à 2 heures du matin (donc en plein jour, sous le soleil de minuit) dans le Bellsund aux pieds des montagnes avec des rennes en train de paitre paisiblement sur la plage.





Depuis, le spectacle continue nous offrant chaque jours son lot d'émerveillements.

Aucun doute, le Spitzberg est largement à la hauteur de nos espérances.