Curieux : à vos cartes !
Pointez votre doigt au nord de la
Norvège, faîtes le glisser vers le Nord, à travers la Mer de
Barents, réputée pour sa rudesse, ses tempêtes hivernales, ses
eaux poissonneuses.
Toujours plus Nord, s'enfonçant dans
l'Arctic : l'Archipel du Svalbard et le Spitzberg.
Sans prétention, c'est avec une belle
fenêtre météo (et en été !!), que nous avons attaqué la
traversée de Barents. 4 jours de navigation au programme avec, il
faut dire, un peu (beaucoup ?) le trac.
Certes, le bateau est rodé, l'équipage
aussi mais tout de même, c'est un peu le plongeon vers l'inconnu.
Nous n'avons donc pas fait les fiers au
départ de Tromso et la première journée de navigation s'est
caractérisée par le silence à bord : celui du moteur d'abord,
(car, enfin, nous avions du vent !!). Ensuite peu de paroles
échangées : besoin de se ré-amariner pour les uns , besoin de
concentration pour les autres, les enfants ont passé beaucoup de
temps à dormir. Quant aux adultes, nous nous sommes croisés et nous
avons pris le pli de la « banette chaude », à savoir
celui qui finit son quart se glisse sous la couette, profitant de la
chaleur du lit laissée par l'autre... . Nous avons pu retrouver le
plaisir d'être seuls en mer avec, aucune côte en vue et aucun autre
bateau signalé sur l'AIS (radar), permettant pendant son quart, de
se plonger dans un livre ou une petite sieste pendant une demi-heure
sans crainte.
Le deuxième jour en mer, le soleil est
apparu, le vent a molli légèrement et chacun a retrouvé son
rythme, Jules s'est replongé dans ses livres, Clarisse a sorti ses
Playmobil, Christophe était plus que jamais le nez dans les guides
nautiques et moi j'ai régalé ce petit monde en sortant du four
gâteaux et pizza maison. Le cristal de protection de descente a lui
aussi joué son rôle capital : au moindre rayon de soleil, il se transforme en véranda et chauffe tout le bateau, nous offrant une
température confortable de 20 ° à l'intérieur alors que la
température extérieure frise les 5 °.
Sur notre route, se trouve la petite
Ile de Bjornoya, communément appelée l'Île aux Ours (psst : cf. la
carte... ! ).
La météo nous le permettant, nous nous sommes donc
offert le luxe d'une petite pause et d'une nuit au mouillage. Un
avant goût des paysages grandioses qui nous attendent et
l'impression de commencer à toucher une autre dimension. Il faut
dire que cette ile, perdue au milieu de nulle part, est inhabitée,
seules une cabane de garde-côte et une base scientifique occupent l’île, balayée par les grands vents du Nord.
Des falaises immenses,
un paysage désertique et minéral, et des colonies de milliers
d'oiseaux en ont fait un site classé et protégé.
Le trac du départ s'est alors
transformé en excitation.
Nous avons repris la mer, gonflés à
bloc: seul 24 heures de navigation nous séparaient du Spiztberg!
Nous touchions du doigt ce rêve, de conduire les enfants au Pôle
Nord, ce rêve qui nous a coûté tant d'efforts et de sacrifices sur
ces deux dernières années.
Et Dame Nature nous a offert un beau
cadeau pour notre arrivée, renforçant encore l'émotion du moment
et m'arrachant une petit larme de bonheur à la vue du spectacle dans
l'étrave du bateau :
Vous allez croire qu'on en rajoute …
eh bien non.
Pour notre arrivée, nous avons eu, les
montagnes se dessinant dans la brumes, puis le grand soleil éclatant
faisant briller les immenses glaciers et le balai d'accueil des
baleines et même d'un troupeau d'orques venus nager dans l'étrave
de Mowgli.
La photo satellite du Bellsund le jour de notre atterrissage |
Vous pouvez imaginer quel a été notre
sentiment en mettant l'ancre à 2 heures du matin (donc en plein
jour, sous le soleil de minuit) dans le Bellsund aux pieds des
montagnes avec des rennes en train de paitre paisiblement sur la
plage.
Depuis, le spectacle continue nous
offrant chaque jours son lot d'émerveillements.
Aucun doute, le Spitzberg est largement
à la hauteur de nos espérances.