Voilà maintenant 3 semaines que nous
sommes au Spitzberg. Peu à peu, nous prenons nos marques. Les
enfants se sont transformés en véritables petits vikings : ils
n'ont jamais froid et refusent de mettre un pull sur leur pyjama en
prétextant qu'ils sont très bien ainsi alors qu'il fait entre 10 °
et 13° dans le bateau le matin au réveil...
En parlant de température, quelle
chose étrange que la météo dans ce coin de la planète !
Nous étions prévenus : « Ce
n'est pas parce qu'il pleut rarement qu'il n'y a pas de nuages au
Spitzberg. Au contraire, le temps spitzbergien typique est constitué
d'une couche de nuages d'une régularité et d'une stabilité à
toute épreuve sans pluie et sans grand vent » (extrait du
Guide Grand Nord). Ce que nous constatons surtout, c'est que le
temps est difficile à prévoir : il change rapidement et varie d'un
bout du fjord à un autre rendant tous les pronostiques hasardeux.
Ainsi, nous avons eu des jours de grand
calme alors qu'un coup de vent était prévu et vice et versa.
Histoire de nous faire tourner en
bourrique, nous avons aussi remarqué à plusieurs reprise que le
moment le plus ensoleillé de la journée est... entre minuit et deux
heures du matin ! Sans rire : très régulièrement, la journée est
couverte, voire pluvieuse, le vent tombe en fin de journée, peu à
peu les nuages se lèvent et alors qu'on n'a pas vu son nez pointé
de la journée, voici qu'apparaît le soleil de minuit.... c'est
unique et cela donne de beaux paysages à admirer en se lavant les
dents mais.... grrrr, des fois, ça fait râler !!!!!
Les plus curieux d'entre vous auront vu
sur les photos, notre escale à Pyramiden, ex-citée minière Russe,
planquée au fond de l'Isfjord et conservée en l'état des années
70, à l'âge d'or de l'extraction du charbon au Spitzberg, le tout
créé comme un modèle de l'organisation soviétique. Les enfants
l'ont appelé la « ville fantôme »...
Effectivement,
c'est un drôle de voyage dans le temps que nous avons fait en nous
baladant dans les rues désertes et en nous faufilant dans les
bâtiments désaffectés.
La Russie et la Norvège ont réalisé
il y a peu que cela représentait un patrimoine historique et un
potentiel touristique et commencent donc à préserver et réhabiliter
certains bâtiments.
Côté petit malheur, nous avons eu
notre lot de malchance la semaine dernière. Nous avions prévu de
repasser par Longyearbyen juste une nuit pour prendre une douche,
acheter un peu de frais, et faire le plein de gasoil... Mais au
ponton ce jour là, la vague d'étrave d'une vedette à moteur
arrivant trop vite au quai a fait basculé le bateau en train de se
mettre, au même instant, à couple* de nous. (*deux bateaux amarrés
côte à côte, le premier au ponton, le second au premier). Résultat
pour Mowgli : un chandelier arraché et la filière bien fragilisée.
Petite casse mais gros tracas car d'une part, se sont des éléments
indispensables en matière de sécurité et d'autre part, cela risque
de créer une voie d'eau sur le pont... bref, il faut réparer sans
attendre, pfff, quelle galère …
C'était sans compter l'aide, le talent
et la gentillesse de Peter et Marylise, propriétaire du dit-bateau,
nommé KiwiRoa.
Peter a de l'or dans les mains :
originaire de Nouvelle-Zélande, il s'est construit 15 bateaux pour
lui même et des centaines pour des clients; et à 70 ans, il a
navigué sur toutes les mers de la planète.
Il s'est fait un point d'honneur de
nous refaire une pièce pour non seulement réparer mais consolider
notre chandelier. Il a donc passé deux jours avec Christophe à
confectionner sur mesure une pièce en aluminium nous permettant de
refixer notre chandelier; et ce avec les moyens du bord, on est au
Spitzberg tout de même. Faute d'atelier ils ont trouvé de quoi
improviser un étau et une enclume dans le capharnaüm de l'arrière
port.
Nous avons partagé avec Peter et
Marylise de très bon moments. Nous avons été complètement charmés
par leur gentillesse et leur humilité alors qu'ils en savent tant,
et en ont tant vécu. Une très belle rencontre qui nous a consolé
de cette semaine d'escale forcée à quai à Longyearbyen.
Belle et sympathique rencontre aussi
quelques jours plus tard, alors que nous avons repris la route vers
le Nord. Arrivant après une magnifique journée de navigation dans
un tout petit fjord, nous entendons un appel pour nous sur la VFH :
c'est le bateau SILLAGE qui nous propose de venir mouiller dans une
petite baie à côté d'eux. Il n'y a pas beaucoup de fond, la passe
est étroite mais qu'à cela ne tienne, on tente l'opération. Une
demi-heure plus tard, nous voici à leur bord en train de siroter,
une caïpirinha « la plus Nord du monde » et avec des
glaçons de glacier s'il vous plaît !!!
Cette soirée restera mémorable
puisqu'en rentrant ensuite sur Mowgli, nous avons décidé de
poursuivre la fête en sortant le foie gras caché jusque là au
frais dans les fonds (merci Solène!) ainsi que la bouteille de
liquoreux qui va bien (merci les Maloyas!).
Quelque chose à célébrer peut-être
? Outre le fait d'avoir slalomé toute la journée entre les glaçons
sous un grand soleil, l'occasion était trop belle de trinquer à
nos 20 ans ! Eh oui, il y a juste 20 ans, nos routes se
croisaient.... Il y a 10 ans, nous avons décidé de nous marier et
de marquer le coup par notre premier « grand voyage » en
Irlande. Pour nos 20 ans, nous nous sommes offerts le beau challenge
de trinquer au Spiztberg.... Il va falloir avoir de l'imagination
pour les 20 années à venir !!!!