samedi 29 juillet 2017

E-NOR-ME !!!!

Nous poursuivons notre exploration vers le Nord, encore plus Nord.


 















Inutile d'en dire plus, les photos parlent d'elle même!




 

Nous avons tout eu ces jours-ci dans le Kongfjorden et le Krossfjorden : TOUT !
  • les immenses glaciers à la couleur bleu profond des glaces datant des millénaires,
  • les « petits icebergs » (ou growler) plus beaux les uns que les autres,
  • Mowgli se frayant un passage dans la glace et le Capitaine jouant au curling pour écarter les glaçons et nous permettre d'avancer,
  • les phoques se prélassant au soleil sur leur growler à la dérive,
  • le craquement du glacier avec le bruit assourdissant d'un bout de glace qui se déchire et tombe avec fracas dans l'eau,
  • le pétillement de la glace dérivante qui fond autour de nous à perte de vue,
  • les falaises à oiseaux où ça tourbillonne sans cesse dans un raffut de cris et de chants,
  • les couleurs...la lumière...
    ….l'immensité, dans des conditions exceptionnelles.

    Waou !













 



Ah! si!! un dernier détail : nous mettons en ligne ce post depuis Ny-Alesund, station scientifique, zone libre d'ondes radios où même le wifi est interdit, qui met à disposition des bateaux de passage une connexion internet dans une sorte de cabine téléphonique... Pas mal, non ?! 



vendredi 28 juillet 2017

Brèves du bord par 78° de latitude Nord

  • Quand la météo nous joue des tours...

Voilà maintenant 3 semaines que nous sommes au Spitzberg. Peu à peu, nous prenons nos marques. Les enfants se sont transformés en véritables petits vikings : ils n'ont jamais froid et refusent de mettre un pull sur leur pyjama en prétextant qu'ils sont très bien ainsi alors qu'il fait entre 10 ° et 13° dans le bateau le matin au réveil...

En parlant de température, quelle chose étrange que la météo dans ce coin de la planète !

Nous étions prévenus : « Ce n'est pas parce qu'il pleut rarement qu'il n'y a pas de nuages au Spitzberg. Au contraire, le temps spitzbergien typique est constitué d'une couche de nuages d'une régularité et d'une stabilité à toute épreuve sans pluie et sans grand vent » (extrait du Guide Grand Nord). Ce que nous constatons surtout, c'est que le temps est difficile à prévoir : il change rapidement et varie d'un bout du fjord à un autre rendant tous les pronostiques hasardeux.

Ainsi, nous avons eu des jours de grand calme alors qu'un coup de vent était prévu et vice et versa.

Histoire de nous faire tourner en bourrique, nous avons aussi remarqué à plusieurs reprise que le moment le plus ensoleillé de la journée est... entre minuit et deux heures du matin ! Sans rire : très régulièrement, la journée est couverte, voire pluvieuse, le vent tombe en fin de journée, peu à peu les nuages se lèvent et alors qu'on n'a pas vu son nez pointé de la journée, voici qu'apparaît le soleil de minuit.... c'est unique et cela donne de beaux paysages à admirer en se lavant les dents mais.... grrrr, des fois, ça fait râler !!!!!

  • Quand au détour d'une escale, l'équipage de Mowgli fait un séjour en ex-U.R.S.S ....


Les plus curieux d'entre vous auront vu sur les photos, notre escale à Pyramiden, ex-citée minière Russe, planquée au fond de l'Isfjord et conservée en l'état des années 70, à l'âge d'or de l'extraction du charbon au Spitzberg, le tout créé comme un modèle de l'organisation soviétique. Les enfants l'ont appelé la « ville fantôme »... 




 


Effectivement, c'est un drôle de voyage dans le temps que nous avons fait en nous baladant dans les rues désertes et en nous faufilant dans les bâtiments désaffectés.




 



La Russie et la Norvège ont réalisé il y a peu que cela représentait un patrimoine historique et un potentiel touristique et commencent donc à préserver et réhabiliter certains bâtiments. 



 



 



























  • Quand les petits malheurs font les grandes rencontres...

Côté petit malheur, nous avons eu notre lot de malchance la semaine dernière. Nous avions prévu de repasser par Longyearbyen juste une nuit pour prendre une douche, acheter un peu de frais, et faire le plein de gasoil... Mais au ponton ce jour là, la vague d'étrave d'une vedette à moteur arrivant trop vite au quai a fait basculé le bateau en train de se mettre, au même instant, à couple* de nous. (*deux bateaux amarrés côte à côte, le premier au ponton, le second au premier). Résultat pour Mowgli : un chandelier arraché et la filière bien fragilisée. Petite casse mais gros tracas car d'une part, se sont des éléments indispensables en matière de sécurité et d'autre part, cela risque de créer une voie d'eau sur le pont... bref, il faut réparer sans attendre, pfff, quelle galère …

C'était sans compter l'aide, le talent et la gentillesse de Peter et Marylise, propriétaire du dit-bateau, nommé KiwiRoa.

Peter a de l'or dans les mains : originaire de Nouvelle-Zélande, il s'est construit 15 bateaux pour lui même et des centaines pour des clients; et à 70 ans, il a navigué sur toutes les mers de la planète.





Il s'est fait un point d'honneur de nous refaire une pièce pour non seulement réparer mais consolider notre chandelier. Il a donc passé deux jours avec Christophe à confectionner sur mesure une pièce en aluminium nous permettant de refixer notre chandelier; et ce avec les moyens du bord, on est au Spitzberg tout de même. Faute d'atelier ils ont trouvé de quoi improviser un étau et une enclume dans le capharnaüm de l'arrière port.
 




Nous avons partagé avec Peter et Marylise de très bon moments. Nous avons été complètement charmés par leur gentillesse et leur humilité alors qu'ils en savent tant, et en ont tant vécu. Une très belle rencontre qui nous a consolé de cette semaine d'escale forcée à quai à Longyearbyen.








Belle et sympathique rencontre aussi quelques jours plus tard, alors que nous avons repris la route vers le Nord. Arrivant après une magnifique journée de navigation dans un tout petit fjord, nous entendons un appel pour nous sur la VFH : c'est le bateau SILLAGE qui nous propose de venir mouiller dans une petite baie à côté d'eux. Il n'y a pas beaucoup de fond, la passe est étroite mais qu'à cela ne tienne, on tente l'opération. Une demi-heure plus tard, nous voici à leur bord en train de siroter, une caïpirinha « la plus Nord du monde » et avec des glaçons de glacier s'il vous plaît !!!

Cette soirée restera mémorable puisqu'en rentrant ensuite sur Mowgli, nous avons décidé de poursuivre la fête en sortant le foie gras caché jusque là au frais dans les fonds (merci Solène!) ainsi que la bouteille de liquoreux qui va bien (merci les Maloyas!). 

Quelque chose à célébrer peut-être ? Outre le fait d'avoir slalomé toute la journée entre les glaçons sous un grand soleil, l'occasion était trop belle de trinquer à nos 20 ans ! Eh oui, il y a juste 20 ans, nos routes se croisaient.... Il y a 10 ans, nous avons décidé de nous marier et de marquer le coup par notre premier « grand voyage » en Irlande. Pour nos 20 ans, nous nous sommes offerts le beau challenge de trinquer au Spiztberg.... Il va falloir avoir de l'imagination pour les 20 années à venir !!!! 



samedi 22 juillet 2017

Un grand cri pour la planète...









Nous avons quitté Longyearbyen avec un temps magnifique et le désir ardent de retrouver les paysages somptueux des glaciers. L'objectif, dans un premier temps, est de profiter un peu de cet immense fjord, nommé Isfjorden, avant de monter encore et toujours plus Nord.

Nous avons trouvé un petit coin de paradis. Une petite baie aux pieds d'immenses montagnes, avec, comme souvent ici un glacier au fond qui crache ses glaçons. L'endroit est beau et le temps parfait. Nous avons eu la visite d'un renne, venant brouter les quelques mousses qui arrivent à pousser sur les cailloux puis celle d'un renard arctique intéressé par les poussins de quelques oies bernaches.

La nature dans toute sa splendeur...


Oui, mais la nature, fragile et vulnérable.





L' objectif de ce voyage est aussi de sensibiliser nos enfants à la richesse du monde et à l'impérieuse nécessité de le préserver.




Malheureusement, l'occasion nous a été donnée d'illustrer avec stupeur les conséquences dramatiques de notre société de consommation à outrance sur les endroits les plus reculées de la planète : comme toutes les plages du monde, la plage de notre petite baie est encombrée de déchets plastiques... Quant au glaciers, d'année en année, ils reculent de façon spectaculaire,  nous le constatons grâce aux cartes marines car nous pouvons naviguer aujourd'hui là où le glacier se trouvait il y a encore quelques années. Dans l'Arctique, que nous touchons du doigt, la banquise a perdu 40% de sa surface en 40 ans. La baie de Longyearbyen, autrefois prise chaque hiver dans la glace reste navigable toute l'année depuis 4 ans. Même en plein hiver, plus de banquise dans ce Fjord.

Nous savons déjà tous cela, mais il est bon de se rappeler encore et toujours que le seul et unique enjeu de notre humanité est le défi de la préservation et du partage des ressources, car la fonte des glaciers du Spitzberg et du Groendland due à l'activité intensive des pays industrialisés impacte directement le paysan du Bangladesh ou le pêcheur des Maldives.

















Ce jour là, à Tempelfjorden, tous les 4 sur Mowgli, nous avons refait le monde.

Un monde beau comme tel qu'il est sous nos yeux, mais plus propre, plus tolérant, plus équitable...

La cabane où le trappeur Hilmar Nois à passé 50 été et 39 hivers avec sa femme

mercredi 19 juillet 2017

Le Spitzberg version Black and White


Après le blanc fascinant des glaciers, nous plongeons dans le noir...
Le noir ? Celui du charbon !

Deuxième richesse du Spitzberg après les fourrures des trappeurs, le charbon est extrait depuis plus d'un siècle par les norvégiens et les russes. Ainsi, la seule petite ville de l'archipel, Longyearbyen, est une ancienne cité minière de 2000 habitants, c'est la "capitale" du Svalbard, la ville la plus septentrionale du monde à 78° de latitude Nord. Si elle a conservé l'héritage des mines, dont certaines sont encore en activité, c'est plus le tourisme qui s'y développe aujourd'hui.

L'aiguillage des téléphériques de bennes à charbons

Les premières mines datant du début du XX siècle


Longyearbyen était une escale incontournable pour nous. Outre le symbole qu'elle représente, c'est là que se trouvent les bureaux du Gouverneur du Svalbard, qui délivre les autorisations pour naviguer dans les zones protégées. C'est aussi là que se trouvent les loueurs de fusils et pistolet de détresse dont nous avons impérativement besoin pour poursuivre notre périple, en terre polaire, car on est peu de chose face au "super prédateur" qu'est l'Ours.







Nous avons donc retrouvé pour quelques jours la civilisation, ressorti les trottinettes, refait le plein de frais (des patates, des carottes, du chou, des pommes, et oh miracle des tomates norvégiennes pas trop cher, du beurre, 4 douzaines d'œufs, un peu de lard) et... vécu notre baptême de tir.

Gentiment accompagnés par Eef et Jean, un couple de marins hollandais qui nous a pris sous son aile pour cet exercice particulièrement difficile pour nous, nous sommes allés nous entraîner à tirer au fusil dans un lieu prévu à cet effet au creux de la montagne.




Il faut dire que le hasard ne nous a pas aidé à digérer le fait d'être en possession d'une arme : figurez vous que c'est un fusil datant de la deuxième guerre mondiale et estampillé de l'aigle nazi qui nous a été remis par le loueur, nous certifiant de sa qualité de fabrication ainsi que de son efficacité ! Gloups.....

À partir de là, nous ne pouvons plus quitter le bateau sans notre fusil à l' épaule, espérant bien sûr, ne jamais en avoir besoin.



L'ambiance à Longyearbyen est étonnante: à certain moment de la journée, cela ressemble à n'importe quel spot touristique avec son flot de visiteurs, ses boutiques souvenirs et ses guets-houses. Et puis à des heures plus creuses, la ville devient quasi-déserte, traversée seulement pas quelques locaux, à l'air décontracté. Ceci dit, on ne peut pas vraiment dire que les habitants de Longyearbyen sont des "locaux": tous viennent de Norvège et passent quelques années ici pour le business, qu'ils soient mineurs, guides touristiques, commerçants ou scientifiques, c'est une petite communauté en perpétuelle mouvement. Le tout dans un cadre lui aussi sacrément étonnant, avec les stigmates de l'extraction minière du siècle dernier, comme les anciens wagons de charbon qui traversaient la ville autrefois, ou les trous noirs creusés dans la montagne indiquant l'entrée d'une ancienne mine.





Les plus de Longyearbyen:
- les rencontres et cafés partagés avec les autres voiliers au ponton, en particulier Jean-Baptiste et Julia sur Algol et les "Tooluka" (les hollandais). La plupart sont des voiliers qui font du charter et finalement, nous avons vu assez peu de bateaux privés voyageant comme nous...et aucune famille pour le moment.
- la rampe de skate en ville adoptée par Jules et Clarisse des après midi entiers
- la machine à laver de la capitainerie, pas trop loin du ponton et pas trop cher, nous permettant de rattraper les kilos de linge entassés depuis Klokkergarden ( Tromsø n'ayant pas de lavomatic dans toute la ville!!.)

Les moins:
- une bêtise d’inattention qui nous a conduit à faire déborder le réservoir du poêle, mettant ainsi  deux litres de gasoil dans les placards évidemment pleins de linge... et une sale odeur dans tout le bateau pour plusieurs jours et beaucoup de boulot de nettoyage.
- le flot des bateaux de croisière de toute taille et de tout modèle, des plus anciens aux plus récents, envahissant le port jour et nuit pour embarquer et débarquer les clients mais aussi, faire leur plein d'eau, de gasoil, de nourriture.
- un mouillage râté, juste devant Longyearbyen,  au cours duquel on a failli s'échouer et ou, du coup, on n'a très mal dormi juste pour éviter de payer une nuit de plus au ponton ( cher, très cher...).




mardi 11 juillet 2017

« Dessine-moi un glacier... »

Comme le Petit Prince avec le renard, nous avons décidé de prendre notre temps et d'apprivoiser peu à peu ce nouvel univers qui s'offre à nous.

Ainsi, nous con-tem-plons...


Depuis le bord de Mowgli, dans le cockpit, derrière le cristal, à travers nos hublots, avec ou sans les jumelles, nous observons, nous guettons, nous admirons.

En effet, voilà maintenant 5 jours que nous sommes arrivés au Spitzberg et … nous n'avons pas encore mis le pied à terre!

Pourquoi ? Tout simplement car le Spitzberg est la terre des ours polaires et qu'on ne peut se promener à terre sans être équipé d'un fusil de défense et d'un pistolet de détresse, au risque de se faire attaquer par un ours. Cet équipement spécial, nous allons le louer à la seule et unique petite ville de l'archipel, 80 miles au Nord de la baie où nous sommes.

Pas question donc de prendre le moindre risque: sans le fusil, nous restons à bord de Mowgli où nous sommes en toute sécurité et cela nous convient très bien.

Il y a tant de choses à découvrir autour de nous, il nous suffit d'ouvrir grand nos yeux et de faire quelques miles dans le fjord pour être comblés. Dès le lendemain de notre arrivée, encore enivrés par la joie d'être là, nous avons longé notre premier glacier et mouillé quelques mètres plus loin devant des morses se prélassant sur la plage.

Tiens, un phoque qui nage le long du bateau....et une cabane de trappeur un peu plus loin. Et puis, un autre glacier plus loin.

Cela a quelque chose d'irréel...



Nous voyons de nos yeux le bleu de la glace millénaire, nous réalisons soudain que le glacier dépasse largement le haut du mat de Mowgli. Nous voyons dans le paysages autour les traces laissées par son passage au fil des siècles et son inéluctable reculée, trop rapide ces dernières années.


Le soleil, qui nous avait fait le privilège de nous accueillir en grande pompe a ensuite cédé la place au vent et au brouillard.

Qu'à cela ne tienne, nous resterons bien au chaud dans notre carré douillet au coin du poêle qui nous réchauffe et donne une atmosphère si chaleureuse au bateau. Nous en profitons pour cuisiner, jouer aux échecs, lire bien sûr; et les enfants pour jouer, jouer, jouer pendant des heures...









En comptant la navigation et les jours au mouillage ici, cela fait près de dix jours que nous sommes à bord, dans 10 m2 tous les 4 et pas un seul instant ils ne se sont plaint. Les boîtes de Lego surprises, pour fêter l’arrivée au Sptizberg ont certes un peu aidé mais ils forcent notre admiration par leur naturel et leur bonne humeur.

Réalisent-ils ce qu'ils sont en train de vivre ?

En ce qui nous concerne, après ces quelques premiers jours passés ici en baie de Bellsund, nous nous sentons encore tout petits, impressionnés par la grandeur, la force et la beauté des éléments.